pluie

Sous une pluie battante, elle marchait, ou plutôt courait, vers la station de métro la plus proche c'est-à-dire celle située à 200m de chez elle et qu'elle empruntait tout les matins depuis maintenant quatre ans. Elle courait non seulement à cause de la pluie mais surtout parce qu'une fois de plus elle allait être en retard au bureau. Son patron n'étant presque jamais là, elle ne risquait presque rien de ce côté là, en fait c'était son orgueil qui en prenait un coup à chaque fois qu'elle n'arrivait à se lever qu'après la quinzième sonnerie de son réveil. C'était comme ça elle n'était pas du matin et rien n'y faisait pourtant Dieu sait qu'elle en avait essayé des méthodes pour se réveiller tôt, de bonne humeur et en pleine forme mais elles n'avaient eu aucun effet.
Lui marchait assez sereinement sous ce rideau de fines gouttelettes, plutôt rapidement mais il avait l'air serein. Il sortait de l'appartement d'une jeune femme dont il ne se rappelait déjà plus le nom,... ah si Anaïs... qu'il avait rencontré la veille dans le parc juste avant de rentrer chez lui. Ils avaient passé la soirée puis la nuit ensemble, comme avec la plupart des femmes q'il rencontrait ainsi et comme pour toutes les autres, il l'avait quitté ce matin en lui laissant un mot su l'oreiller : « Merci pour cette belle soirée. Adieu. ». Il riait au nez de ses amis qui lui demandaient quand enfin il allait s'engager avec une femme ou pire s'il voulait fonder une famille. Pour l'instant il profitait de la vie et de chaque moment que celle-ci lui offrait, le reste ? il verrait plus tard.
Leurs regards se croisèrent un minuscule instant sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte puis, cette fois totalement consciemment, ils se regardèrent avec beaucoup plus d'intensité. Oubliés le bureau, le patron et son orgueil pour elle, Anaïs et les autres pour lui. Ils se regardaient tout en continuant à marcher mais ils savaient déjà que plus rien ne pourrait jamais les séparer... Ils ne connaissaient rien l'un de l'autre mais ils savaient cela et c'était l'essentiel. Même lui Arthur, un des plus grands Don Juan du vingtième siècle avec tous les soirs dans son lit une nouvelle femme, il savait, il sentait que celle-là, cette jeune femme devant l'entrée du métro était la femme de sa vie. Ne lui demandait pas pourquoi ça devait être comme ça et ce serait comme ça. Il venait enfin de comprendre le vrai sens de l'expression « avoir un coup de foudre » et quand il raconterait ça à ses amis, il en était sûr, pas un ne le croirait avant qu'il ne leur présente sa future femme. Il s'arrêta alors qu'elle accourait vers lui mais il avait le malheur d'être au milieu de la route, en plein Paris à neuf heures, heure de pointe. Le temps qu'il se rende compte que c'était de la détresse qu'il voyait dans ses yeux – dans leurs yeux – et que c'était un camion qui lui hurlait son klaxon dans les oreilles, il était déjà trop tard. La seule chose capable de les séparer venait de les frapper avant même qu'ils ne se rencontrent.

Triste destin

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