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Petites histoires
7 mars 2010

Une page de vie ou l'histoire de N

                                                          

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Tout autour de moi des centaines de personnes marchaient seul, en amoureux ou avec des enfants se plaignant de la chaleur et réclamant une glace. Personne ne se souciait de moi et je leur étais très reconnaissant, ici personne ne me connaissait. J'étais donc seul dans un petit marché local à observer la ville et ses habitants sans que l'on me dise ce que je devais faire ou non. Personne ne sait que je suis ici, j'ai juste laissé un mot à mes parents : « Je suis parti faire un tour, ne vous inquiétez pas et surtout ne me chercher pas. Je rentre vers dix-huit heures promis. A ce soir Mattias. » J'ai dix-sept ans mais je ne suis pas tout à fait un adolescent comme les autres, malheureusement. Enfin ce n'est pas si terrible que ça, je ne suis qu'héritier du trône de N. tu ne connais sans doute pas N, c'est normal c'est une planète située en dehors de ton système solaire. Si loin qu 'elle fût, elle ressemble trait pour trait à la Terre, à la seule différence qu'elle est dirigée par une seule et même personne : mon père. Mais détrompe toi ce n'est pas une dictature, chacun y est heureux et très peu de personnes se plaignent de notre gouvernement à part bien sûr les éternels rabats joie. Je trouve d'ailleurs le système politique terrestre très compliqué mais je ne suis pas là pour parler politique. Pour venir jusqu'ici, j'ai emprunté un des téléporteurs de mon père. Ces engins sont vraiment très pratiques, ils ont l'apparence d'une montre et il suffit d'y inscrire une destination pour s'y retrouver à peine quelques secondes plus tard même si l'endroit demandé se trouve à des centaines d 'années lumières. Ce n'est pas la première fois que je viens sur Terre, je suis déjà allé en Argentine, à Madagascar et en Australie mais toujours avec mes parents... et une délégation spéciale assurant notre sécurité. Je n'avais donc jamais le loisir d'être seul.

Quand je rentrerais ce soir, on me passera sans doute un savon monumental mais tant pis. Au fait je suis en France, belle petite province. La Normandie surtout, je me suis beaucoup documenté avant de venir, cela fait plus de six mois que j'attends ce moment. Nous sommes apparemment à un période de l'année qu'ils appellent l'été, la « saison chaude ». Sur N il n'y a pas de saison, la pluie et le beau temps alternent régulièrement mais toujours différemment d'une année sur l'autre. En ce moment il fait beau aussi chez moi. Il faut que je profite de cette journée qui, très certainement, sera l'une des rares que je pourrais passer seul à faire ce qui me plais. Les gens que je croise ne font pas attention à moi même si certains se regardent bizarrement en se retournant sur mon passage, s'ils croisent mon regard. C'est vrai qu'ici je n'ai pas encore croisé une seule fois quelqu'un avec les yeux violets.
Tout en regardant à droite à gauche les différents stands des artisans, avec un réel intérêt, je croisais le regard d'une jeune fille assise sur un banc près de la fontaine. Elle semblait elle aussi absorbée par ce qui l'entourait. Je ne sais trop pourquoi je décidais d'aller lui parler. Quand elle me vit approcher, elle me fit un grand sourire qui fit s'accélérer mon rythme cardiaque, drôle de sensation.

- Bonjour, je m'appelle Mattias.
- Bonjour. Moi c'est Lila, heureuse de te rencontrer Mattias. me répondit-elle sans se départir de son joli sourire. 
- Tu as l'air heureuse rien que d'être ici à observer les gens. dis-je après quelques secondes de silence au milieu du bruit de la ville.
- Oui, c'est vrai mais tu sais je viens juste de sortir d'un centre de repos où j'ai passé quatre mois après être restée un peu plus de deux ans dans un hôpital à lutter jour après jour contre la maladie. Donc oui je suis très heureuse d'être là au milieu de toute cette agitation qui m'avais tant manquée. Tu sais, je t'ai remarqué depuis le début de la rue et, toi aussi tu parais heureux.
- Hum, oui. J'ai rarement l'occasion de me promener seul et puis cette ville est vraiment joli... tout comme toi.

Je me rendis compte de ce que je venais de dire seulement après avoir prononcé ces mots, ce qui eut pour effet de m'enflammer les joues.
- Merci mais tu sais ne te sens pas obligé de me dire ça parce que j'étais malade. Je préfère être en vie que jolie. Et puis je n'ai pas encore retrouvé mes beaux cheveux longs. ajouta-t-elle en passant une main rêveuse dans ses cheveux, courts.
- Moi j'aime bien tes cheveux comme ça. Vraiment. puis après quelques nouvelles secondes de silence, Tu habite ici ?

J'appris alors qu'elle était née ici puis ses parents avaient voulu déménager à Paris – je crois que ce doit être une ville importante – à cause de leur travail. Quand ils avaient appris que Lila était malade, ils avaient fait en sorte qu'elle soit suivie par les plus grands médecins parisiens – apparemment ses parents avaient un travail important qui leur faisait gagner beaucoup d'argent mais ils n'étaient de ce fait pas très présents, du moins avant. Après deux années très dures de traitement, les médecins avaient finalement réussi à la guérir. Ses parents avaient insisté pour l'envoyer dans une maison de repos de la région et étaient venus s'y installer avec elle. Son histoire me fit réfléchir et je me dis que fils de roi n'était finalement pas un si dur destin comparé à ce que devait subir certaines personnes. Elle me dit que même si elle ne me connaissait pas, ça lui avait fait du bien de me raconter son histoire, elle me dit aussi que l'on avait assez parlé d'elle. Lila me demanda alors si je portais de lentilles de contact pour que mes yeux soient de cette couleur si particulière. Je décidais de ne pas lui mentir puisqu'elle s'était livrée à moi comme si j'étais son meilleur ami. Je lui répondit donc que toute ma famille arborait ces mêmes prunelles, violettes. Levant les yeux – justement- vers l'église, je rencontrais l'horloge qui m'indiqua qu'il était seize heures et que cela faisait donc presque une heure que je discutais avec Lila sur ce banc... et qu'il me restait à peine deux heures avant de devoir rentrer. Je demandais alors à ma nouvelle amie si elle voulait bien me faire visiter la ville. Elle accepta avec joie et m'entraîna dans les petites ruelles de la désertées de la foule où le soleil jouait à cache-cache avec nous. Au fur et à mesure de notre ballade, Lila me racontait ses souvenirs dans cette ville et ce qu'elle aimait dans la vie, le dessin, la musique, le chant des oiseaux les matin et la vie elle-même tout simplement. La petite ville où j'avais atterri était tout près de la campagne et l'endroit où Lila nous avait conduit était tout bonnement magnifique. Je m'arrêtais et restais interdit quelques secondes avant de murmurer un petit : « Waouh ! ». Lila ria de ma réaction et me dit qu'elle aussi trouvait cet endroit splendide, et aussi que j'était la première personne à qui elle montrait son petit coin de paradis. Nous nous allongeâmes dans l'herbe, les pieds dans l'eau et restâmes comme cela pendant un long moment durant lequel seuls les bruits de l'eau et le gazouillis des oiseaux venaient troubler le calme. Puis vînt le moment où je me dis qu'il faudrait peut-être que je regarde ma montre. Ce faisant, je vis qu'il étais dix-sept heures trente et que je devrais très bientôt repartir. Je décidais alors de dire qui j'étais à Lila. Je me relevais en m'appuyant sur un bras, me tournant à demi vers elle. Mon amie tourna la tête vers moi, toujours avec ce sourire paisible sur les lèvres.

- Je voudrais te dire quelque chose mais... ce n'est disons pas très facile ni pour moi, ni pour toi sans doute.
- Je t'écoute, me dit-elle seulement.
- Voilà, j'habite très loin d'ici... sur une autre planète, commençais-je plus très sûr de moi.
- Je me suis confiée à toi tout l'après-midi et toi, tu te moque de moi ? me répondit-elle d'un ton calme ne correspondant pas du tout à ce qu'elle venait de dire.
- Oh je savais que ce n'était pas une bonne idée. Mais maintenant que c'est dit. Je t'assure que c'est la vérité. Crois-moi je t'en pris. Tu m'as dit des choses personnelles alors que l'on ne se connaissait pas, je voulait faire la même chose. Mais si tu ne veux pas m'écouter, je m'en vais.
- Non reste ! Alors c'est... vraiment vrai ?

J'acquiesçait.
- Avoues que c'est difficile à croire ! Mais si tu le dis je te crois.

Elle avait dit cela en me regardant droit dans les yeux et j'étais sûre qu'elle était sincère.

- Alors vas-y raconte moi.

Je m'y un peu de temps et me lançais dans un récit de ma vie sur N. Lila m'écouta tout ce temps en posant deux ou trois petites questions mais en m'écoutant avec beaucoup d'attention. Cinq minutes avant l'heure fatidique – pourquoi avais-je programmé cette fichu montre ! - je finis mon récit avec un pointe de tristesse dans le voix et expliquais à mon amie que je devais rentrer maintenant pour ne pas rester coincer sur Terre.

- Je comprend bien sûr. Cette journée restera une des plus belles que j'ai vécu jusqu'ici. Merci.
- Pour moi aussi, j'ai vraiment passé une merveilleuse journée, soufflais-je à mi-voix.

Puis alors que je préparais ma montre, Lila se mit sur la pointe des pieds et m'embrassa.

- Tu resteras comme un beau rêve pour moi. Au revoir.
- Je ferais tout pour essayer de revenir.

Incapable d'ajouter autre chose, je fixais mon regard dans le sien et attendais l'instant où ma montre me ramènerait chez moi. A ce moment j'effleurais la joue de Lila et lui glissais un : « A bientôt. » avant de disparaître d'un petit « plop ».

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  • Des mots qui se mélangent dans mon esprit pour former des phrases qui au fil du temps aboutissent à des histoires d'amour, des histoires brèves, tristes parfois, qui me permettent de m'évader...
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